"Le Hérisson" sans élégance : de l'adaptation filmique comme un appauvrissement ?
Une fois n'est pas coutume, c'est au sein même de ce blog - et plus précisément d'un intéressant commentaire qu'il a suscité, ici -, que je puise la matière à ce nouvel article qui se veut moins une constation péremptoire que l'observation d'un phénomène récurrent (qui prêt probbalement à discussion) : les adaptations cinématographiques font la plupart du temps pâle figure au regard de leur source d'inspiration.
Je conçois l'apparence de lieu commun, voire de lapalissade d'une telle assertion.
Lorsque j'ai avancé, dans l'article susnommé, que Le hérisson - le film, donc - doit certainement être, à l'image de l'affablissement symbolique de son titre (tandis que l'intrigante combinaison originale - "L'élégance du hérisson" - annonçait un mystérieux programme) , bien inférieur au roman dont il est tiré, le constat peut sembler bien présomptueux quant on sait que je n'ai pas vu ledt film. Mais il se base sur la méfiance empirique que je retire du visionnage de beaucoup de ces entreprises d'adaptation, que je finis pas traiter par le mépris, les soupçonnant d'être uniquement motivées par le profit - le film tiré d'un best-seller drainera subséquemment les foules, ce genre de calcul à vocation lucrative.
Il est donc plus sûrement question de déception, en effet... à condition, toutefois, que l'on s'expose à telle déception ; ce qui implique que l'on ait donc un espoir, aussi mince soit-il, d'être séduit par le principe de cette adaptation cinématographique - ce qui dans le cas qui nous intéresse là, n'est pas mon cas.
Maintenant, je reconnais volontiers que certaines adaptations n'ont rien (ou presque) à envier à leur source littéraire ; quand elles ne les surpassent pas, comme, par exemple Dead zone, Carrie et Misery, pour citer le cas d'un auteur, Stephen King, gâté par ses émules cinéastes - à savoir respectivement David Cronenberg, Brian De Palma et Rob Reiner, soit tous trois des réalisateurs "à univers (personnel)". CQFD
Voire aussi le cas Peter Jackson, qui réconcilia nombre de lecteurs écoeurés de la saga du Seigneur des Anneaux avec l'univers (et en premier lieu les luxuriants décors) de La Terre du Milieu, découragés par les indigestes et ominprésentes descriptions de Tolkien, avantageusement illustrées dans la spectaculaire trilogie du Néo-Zélandais.
Mais rien ne vaut, assurément, les images (et les pensées) que l'on se représente soi-même, guidé et inspiré par le talent de l'écrivain, qui suggère d'ailleurs souvent plus qu'il ne montre - à l'instar de cette image bien connue de la porte qui reste finalement fermée, dans la littérature, sur le danger qu'elle dissimule, au contraire de sa déclinaison filmique, hélas trop souvent ouverte sur un monstre forcément décevant puisque concret, palpable, visible... (et là encore, je pense à l'exception qui confirme la règle, le sobre et efficace La Maison du Diable de Rober Wise, adaptation méritante du chef d'oeuvre fantastique de Shirley Jackson, Maison hantée - à l'inverse du boursouflé Hantise, son piteux et inutile remake de 1998).
J'achève ce billet en rappelant que je n'ai pas vu le film de Mona Achache dont il est pourtant beaucoup question dans cette "démonstration" (il s'agit plutôt d'une réflexion ouverte). Je ne crois pas, malgré tout, qu'il faille s'en étonner et pointer du doigt l'illégimité - voire l'ineptie - de mon propos. Ce film n'a d'autre objet, ici, que de relancer ma réflexion (et la vôtre, aussi, j'espère, sans quoi ce billet sera réellement superfétatoire - pour reprendre un terme appris avec gourmandise lors de ma lecture du Hérisson) sur le sujet, ce qui est déjà précieux en soi.