Vouloir c'est pouvoir ?.... (Douglas Kennedy meets Xiao Fan)


Suite à une longue et instructive conversation nocturne avec une amie qui m'expliquait comment elle venait de prendre conscience de l'envahissante emprise des choses sur nous ("la servitude" que l'on cultive complaisamment envers ces objets qui nous possèdent plus que l'inverse), j'ai en effet eu la surprise de découvrir le jour qui suivit (ce dimanche, donc) dans ma messagerie électronique un mail spontané d'une autre amie qui, sans être le moins du monde au courant de notre discussion, a souhaité me faire partager un texte tiré du livre qu'elle lit actuellement, L'homme qui voulait vivre sa vie, de Douglas Kennedy.
Voici, par Lenaïc Gravis et Jocelyn Blériot, le pitch du roman, disponible sur Amazon.fr :
Ben Bradford est un modèle de réussite sociale. De la pression parentale

Et là, Bradford commet l'irréparable. S'ensuit une fuite éperdue, l'adoption forcée d'une nouvelle identité, et la révélation d'un destin qui s'épanouit malgré lui.
Kennedy frappe fort et juste, à tel point qu'il instille parfois chez son lecteur une irrépressible envie de se mettre en cavale.
Texte auquel je me permets d'adjoindre, pour une présentation exhaustive, celui de la quatrième de couverture d'une édition épuisée :


Bien plus qu'une lecture captivante : en termes émouvants, poignants même, ce roman nous parle aussi des occasions manquées et des vies gâchées [...], du goût amer d'une gloire trop vite acquise et de la douleur d'avoir à quitter ceux qu'on aime.

Voici donc l'extrait en question :


"On ne l'emportera pas au paradis", comme dit si bien l'adage populaire. Difficile de faire plus beau plaidoyer que celui de Douglas pour la libération de l'esprit, la fin de son assujetissement au confort et à la propriété matérielle.
Par les temps qui courent et le discours dominant sur le mode du "travailler plus pour consommer plus", il n'est pas vain de rappeler que le seul vrai luxe se mesure en unités de temps ; que les seuls possessions valables sont les qualités humaines et les liens sociaux, l'amitié, l'amour, les réseaux de connaissances que l'on tissent autour de soi, et qui fluctuent d'ailleurs, rendant très relative en cela l'idée de possession, d'acquis dans le domaine relationnel et humain.

Travailler moins pour vivre mieux, pour mieux prendre le temps de réfléchir notamment, mieux (re)penser ses priorités existencielles et dresser une hiérarchie plus judicieuse entre elles, qui feraient enfin la part belles aux plaisirs simples, actes gratuits, joies immatérielles et autres bonheurs inquantifiables.
Pour ne plus êtres les victimes consentantes d'un déplorable sens des priorités, celui-là même qui a engendré la plus néfaste des sociétés de consommation (compulsive) et son aliénante logique du profit.




Pour prolonger l'hérésie qu'introduit et célèbre ce billet d'humeur, je vous invite à lire L'art de ne pas travailler : Petit traité d'oisiveté active à l'usage des surmenés, des retraités et des sans emplois, l'admirable et salutaire essai du Canadien Ernie Zelinski, paru chez Eyrolles en 2006.
Les étonnantes peintures qui illustrent cet article sont les oeuvres du talentueux artiste chinois Xiao Fan.
L'homme qui voulait vivre sa vie, de Douglas Kennedy, disponible chez Pocket.