Vouloir c'est pouvoir ?.... (Douglas Kennedy meets Xiao Fan)

Publié le par Kadjagoogoo

Xiao-Fan---Mode-of-life--2--2005-.jpgA la faveur d'une coïncidence troublante survenue ce jour, j'y vais de mon modeste manifeste à la gloire du détachement face à la possession et au matérialisme.Xiao-Fan-Things-addict.jpg

Suite à une longue et instructive conversation nocturne avec une amie qui m'expliquait comment elle venait de prendre conscience de l'envahissante emprise des choses sur nous ("la servitude" que l'on cultive complaisamment envers ces objets qui nous possèdent plus que l'inverse), j'ai en effet eu la surprise de découvrir le jour qui suivit (ce dimanche, donc) dans ma messagerie électronique un mail spontané d'une autre amie qui, sans être le moins du monde au courant de notre discussion, a souhaité me faire partager un texte tiré du livre qu'elle lit actuellement, L'homme qui voulait vivre sa vie, de Douglas Kennedy.
Voici, par Lenaïc Gravis et Jocelyn Blériot, le pitch du roman, disponible sur Amazon.fr :

Ben Bradford est un modèle de réussite sociale. De la pression parentaleXiao-Fan---Enjoy_1.jpg cherchant à le détourner de ses ambitions artistiques, il a fait le moteur de son ascension vers les hautes sphères de Wall Street. Bradford lutte, et pourtant, il est bien obligé de se rendre à l'évidence : "réussir", "le plus américain des verbes", le fait vomir. Ce n'est pas avec fierté qu'il pose son regard sur la somme de ses possessions, mais en détaillant chaque objet par le menu, connaissant son prix au dollar près, contraint d'admettre que sa frénésie de consommation dissimule mal un terrible besoin de se sentir exister. Sa luxueuse banlieue l'oppresse et croule sous l'épaisse couche de vernis de l'american way of life qui ternit pourtant un jour à la faveur d'une sordide histoire d'adultère.
Et là, Bradford commet l'irréparable. S'ensuit une fuite éperdue, l'adoption forcée d'une nouvelle identité, et la révélation d'un destin qui s'épanouit malgré lui.
Kennedy frappe fort et juste, à tel point qu'il instille parfois chez son lecteur une irrépressible envie de se mettre en cavale.

Texte auquel je me permets d'adjoindre, pour une présentation exhaustive, celui de la quatrième de couverture d'une édition épuisée :

Xiao-Fan---Enjoy_2.jpg Ben Bradford a réussi. La trentaine, avocat compétent, un beau poste dans l'unXiao-Fan---Enjoy_3-copie-1.jpg des plus grands cabinets de Wall Street, un salaire à l'avenant, une femme et deux fils tout droit sortis d'un catalogue Gap. Sauf que cette vie, Ben la déteste. Il a toujours rêvé d'être photographe. Quand il soupçonne que la froideur de son épouse est moins liée à la dépression postnatale qu'à une aventure extraconjugale, ses doutes reviennent en force, et avec eux la douloureuse impression de s'être fourvoyé. Ses soupçons confirmés, un coup de folie meurtrier fait basculer son existence, l'amenant à endosser une nouvelle identité... De New York aux splendides paysages du Montana, une histoire d'humour et d'émotion, et un héros extraordinairement attachant, prêt à payer le prix pour vivre sa vie.

Bien plus qu'une lecture captivante : en termes émouvants, poignants même, ce roman nous parle aussi des occasions manquées et des vies gâchées [...], du goût amer d'une gloire trop vite acquise et de la douleur d'avoir à quitter ceux qu'on aime.
Publisher's Weekly
 
 
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Voici donc l'extrait en question :
Xiao-Fan---Enjoy_5.jpgEtonnant de constater que la vie n'est qu'une longue suite d'accumulations, laundefined recherche permanente de moyens de combler l'espace, d'occuper le temps. Tout cela au nom du confort matériel, certes, mais surtout pour ne pas avoir à reconnaître qu'on ne fait que passer sur cette terre, qu'on la quittera bientôt sans autres biens que les habits dont sera revêtu notre cadavre. Amasser dans la seule intention de tromper le sort commun qu'est l'engloutissement à venir dans l'inconnu, de s'inventer un semblant de permanence, de croire à la solidité de ce que l'on a bâti. Mais, un jour ou l'autre, la porte claque derrière soi, quoi qu'on y fasse. Et à ce moment, il faut tout abandonner.

"On ne l'emportera pas au paradis", comme dit si bien l'adage populaire. Difficile de faire plus beau plaidoyer que celui de Douglas pour la libération de l'esprit, la fin de son assujetissement au confort et à la propriété matérielle.

Par les temps qui courent et le discours dominant sur le mode du "travailler plus pour consommer plus", il n'est pas vain de rappeler que le seul vrai luxe se mesure en unités de temps ; que les seuls possessions valables sont les qualités humaines et les liens sociaux, l'amitié, l'amour, les réseaux de connaissances que l'on tissent autour de soi, et qui fluctuent d'ailleurs, rendant très relative en cela l'idée de possession, d'acquis dans le domaine relationnel et humain.
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Travailler moins pour vivre mieux, pour mieux prendre le temps de réfléchir
notamment, mieux (re)penser ses priorités existencielles et dresser une hiérarchie plus judicieuse entre elles, qui feraient enfin la part belles aux plaisirs simples, actes gratuits, joies immatérielles et autres bonheurs inquantifiables.

Pour ne plus êtres les victimes consentantes d'un déplorable sens des priorités, celui-là même qui a engendré la plus néfaste des sociétés de consommation (compulsive) et son aliénante logique du profit.

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Pour prolonger l'hérésie qu'introduit et célèbre ce billet d'humeur, je vous invite à lire L'art de ne pas travailler : Petit traité d'oisiveté active à l'usage des surmenés, des retraités et des sans emplois, l'admirable et salutaire essai du Canadien Ernie Zelinski, paru chez Eyrolles en 2006.

Les étonnantes peintures qui illustrent cet article sont les oeuvres du talentueux artiste chinois Xiao Fan.

L'homme qui voulait vivre sa vie, de Douglas Kennedy, disponible chez Pocket.

Publié dans Art de vivre

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C
ah ! quel sujet!! j'ai bien aimé les illustrations car j'aime les collages et au début je me demandais si c'était vous qui les faisiez à cause de votre demande d'adhésion au groupe "rat-colle " je poursuis ma visite ...
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M
excellent.. merci
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K
<br /> <br /> Merci d'avoir signalé voir lecture : je suis ravi qu'elle vous ait plu. Au plaisir,<br /> <br /> <br /> Kadja<br /> <br /> <br /> <br />
D
BONSOIR ! un ptit coucou ! <br /> bonne semaine ! bisous !
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J
J'avais compris la raison de l'abondance des images et j'avais pour cette raison hésité à la critiquer. "L'obstacle" est facilement surmontable aussi n'ôte rien si tu aimes ton article ainsi.<br /> <br /> D'ailleurs c'est bien qu'on ne soit pas d'accord : nous restons cohérent avec nous-mêmes et nos différences. ;)<br /> <br /> K
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K
Cultivons nos différences, oui : elles cimentent notre estime réciproque au moins tout aussi sûrement que ne le font nos affinités/convergences d'esprit !Je maintiens donc la surabondances iconographique, déjà parti, de toute façon, vers d'autres horizons "journalistiques"... mais pas philosophiques, hein. ;)C UKadja
J
"D'abord on vous ignore, ensuite on se rit de vous, puis on vous combat, ensuite vous avez gain de cause."<br /> Gandhi<br /> <br /> La décroissance est INEVITABLE. Aujourd'hui les marginaux dont tu fais partie deviendront l'exemple à suivre.<br /> Alors résistons et vivons avec parcimonie.<br /> <br /> Je suggère d'ôter des images pour ne pas décourager le visiteur à lire cet article dont la lisibilité est rendue difficile.<br /> <br /> K
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K
Bonsoir K, et merci pour tes encouragements, qui me vont droit au coeur dans l'isolement de mon "hérésie". ;-)"Les fous ouvrent des voies qu'empruntent ensuite les sages", dit-on aussi, sur le même principe. Je concède que je me suis toujours considéré comme un peu loufoque, alors pourquoi pas !Concernant le flot d'images envahissant, hum, j'avoue que j'aimais assez l'idée que cette surabondance, analogue à celle des montagnes marchandises dont s'encombrent les personnages représentés (aliénés par leur mode de vie consumériste), y voyant une opportuner métaphore à ce que le roman, et l'article dans sa globablité, dénonce et condamne.Mais effectivement, ça fait surchargé et guère agréable à lire/parcourir... =/J'hésite !TVBKadja