Erwin Olaf, Askevold, Luchford-Saville, Gibson, Autio & Hitchcock
Un billet - en forme d'invitation à visiter - pour dresser la liste de mes récents ajouts dans le catalogue des portfolii photo de ce blog (qui se transforme progressivement en plateforme dédiée à ces galeries virtuelles périphériques - et c'est tant mieux ! ) :
Erwin Olaf fantasme le portrait royal post-mortem.
L'artiste hollandais, avec cette série de photomontages corrosifs et ultra-violents, se pose en portraitiste de cour, mais un portraitiste déviant, iconoclaste, qui entend dévoyer cette, hum, noble tradition. En effet, plutôt que de magnifier les figures royales représentées, il jette, féroce, un regard ironique et macabre sur le destin tragique de quelques têtes couronnées. "Sang royal" qu'un funeste fatum s'applique donc à répandre dans la violence. Une oeuvre à l'idée simple mais puissante.
C'est ici Erwin-Olaf-Royal-Blood-series-2000
David Askevold, un fascinant puzzle "hantologique".
Fasciné par Willem de Kooning, cet Américain (1940-2008) aborde résolument la photographie à la manière d'un peintre abstrait, autant démystificateur que chamane, invoquant le surnaturel (spiritisme, ésotérisme, apparitions spectrales), surimpressions troublantes (et parfois dérangeantes, voire carrément morbides : il nourrit notamment une obsession certaine pour le fait divers violent, le meurtre, et son impact psychologique sur la société, son système moral) ou encore des références cryptiques dans sa critique métaphysique du monde.
C'est ici David-Askevold_Puzzle of ghosts
Un prestigieux portfolio hommage à Hitchcock sur papier glacé.
En 2008, le magazine américain Vanity Fair revisitait la mythologie hitchcockienne, réunissant pour cet hommage orthodoxe un casting de rêve, soit rien moins que le gotha hollywoodien ! Honneur en forme de réinterprétation fidèle (servile, même) de scènes cultes que le maître anglais du suspense valait bien.
C'est ici Hitchcock-Tribute-Portfolio
La rencontre Jenny Saville / Glen Luchford : un match exhibition.
Un photographe de mode et une peintre, tous deux anglais et réputés dans leur domaines respectifs, produisent cette cinglante série de clichés, hors normes et anti-glamour, exhibant la chair massive, plaquée contre une vitre, écrasée et pétrie de l'opulente artiste-modèle. Visions choc de l'éblouissante plasticité du corps humain.
C'est ici Jenny-Saville_Glen-Luchford_Closed-contact
David Gibson, photographe de rue et "serial funcatcher".
"A vrai dire, je passe probablement plus de temps à contempler des photographies qu'à en prendre. Mes planches contact sont à la maison, alignées avec des ouvrages de photographie. L'oeuvre des prétendus maîtres - et celui de photographes moins considérés - a toujours été une source de réassurance et de stimulation pour ma propre travail photographique."
Citant ainsi l'influence d'Elliott Erwitt, Henri Cartier-Bresson, Mario Giacomelli, Robert Frank, Sylvia Plachy et Tony Ray-Jones, ("pour en citer quelques-uns, mais la liste est infinie et susceptible d'évoluer") ce flâneur intuitif nous régale entre ironie cruelle et savoureux téléscopages urbains.
A l'instar de Saul Leiter avant lui (mais pas comme Doisneau, qui recontituait notoirement les scènes saisies sans pouvoir les impressionner sur la pellicule, et qui voit plutôt sa filiation chez un Jeff Wall, bien que ce dernier oeuvre dans un registre sensiblement différent), l'Anglais arpente depuis une vingtaine d'années les rues, inlassablement en quête d'insolite, d'heureux accidents ; témoin instinctif d'une poésie souvent fugace, magie ordinaire qui s'offre aux plus vigilants.
C'est ici David Gibson_Street-photographer
Narelle Autio, photographe et "chorégraphe" waterproof.
Depuis 2000 (année où elle publie, avec Trent Parke, le livre La Septième Vague, qui présente l'importance culturelle de la plage et de la vie sous-marine), la photographe australienne guette les rimes chromatiques, et l'essence du mouvement (statique ! ce paradoxe). Surtout, elle décline - magnifiquement - la sensualité de ballets aquatiques en suspension, dans de gracieuses chorégraphies figées, créations naturelles magiques, (nées de la combinaison du hasard et des éléments - l'eau et sa résistance, sa portance, sa fluidité, sa gravité bouleversée), que l'artiste n'a plus qu'à "sculpter" avec la gouge de son objectif.
C'est ici Narelle-Autio_Water-and-Colors-series
Voilà pour cette fournée. Alors bonne visite à vous qui lisez, en vous souhaitant de belles découvertes !