La stratégie du recoupement par l'iconoclaste Pierre Bayard
Un pavé dans la mare que cet audacieux essai, savoureusement (im)pertinent et décomplexant, qui fait la démonstration étayée qu’une activité de lecture trop rigoureuse rogne notre potentiel créatif. Il ne s'agit pas là d'une fallacieuse justification de l’inculture via quelque raisonnement fumiste, ni d'une quelconque apologie de la cuistrerie ; l’auteur invoque plutôt, en guise d'amorce argumentative à cette surprenante démonstration, le déplorable oubli de soi auquel oblige inévitablement une lecture passive, celle-la même qui prive le lecteur consciencieux et docile d’un véritable travail de création autobiographique, privilège du lecteur sélectif et parcimonieux, voire dans l’absolu (et l'idéal) du non-lecteur méthodique et désinhibé qui saura appréhender globalement l’inextricable canevas de la culture littéraire, cette « bibliothèque collective » mouvante, auquel on peut judicieusement substituer la métaphore du système nerveux, dont les synapses seraient ici les élans compensatoires permis exclusivement par une connaissance lacunaire et une écoute de soi attentive.
Ou comment le livre, cet « objet hallucinatoire fugace », ne devrait jamais cesser d’être un prétexte à l’introspection, ce moyen inestimable d’accéder à un autre livre, notre livre intérieur, cette matrice plus ou moins consciente de notre esprit qui se dérobe le plus souvent à notre perception.
Sans qu'il s'agisse strictement d'une méthode (notez bien le "?" dans le titre !), voici donc un précieux livre-outil qui décortique brillamment un phénomène somme toute archi-courant mais pourtant méconnu et mésestimé ; et qui, sans y prétendre d'ailleurs, vous donne en outre les clés pour faire de tous les autres livres ceux dont vous êtes le héros ; un héros ouvert à toutes les virtualités d’une œuvre et libéré de la tyrannie de l’illusoire savoir exhaustif, cette grande hypocrisie systématiquement entretenue.
Le livre ultime ?... En tout cas, un légitime et salutaire plaidoyer pour une culture parcellaire.
Pierre Bayard, Comment parler des livres que l’on a pas lus ? (Les Editions De Minuit, 2007)
Ou comment le livre, cet « objet hallucinatoire fugace », ne devrait jamais cesser d’être un prétexte à l’introspection, ce moyen inestimable d’accéder à un autre livre, notre livre intérieur, cette matrice plus ou moins consciente de notre esprit qui se dérobe le plus souvent à notre perception.
Sans qu'il s'agisse strictement d'une méthode (notez bien le "?" dans le titre !), voici donc un précieux livre-outil qui décortique brillamment un phénomène somme toute archi-courant mais pourtant méconnu et mésestimé ; et qui, sans y prétendre d'ailleurs, vous donne en outre les clés pour faire de tous les autres livres ceux dont vous êtes le héros ; un héros ouvert à toutes les virtualités d’une œuvre et libéré de la tyrannie de l’illusoire savoir exhaustif, cette grande hypocrisie systématiquement entretenue.
Le livre ultime ?... En tout cas, un légitime et salutaire plaidoyer pour une culture parcellaire.
Pierre Bayard, Comment parler des livres que l’on a pas lus ? (Les Editions De Minuit, 2007)