Le folk urbain d'Adele, gossip girl & lucky born soul
« Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années », disait si bien Corneille (pas le chanteur, l'autre ).
Plus d'un an après le battage médiatique (son tubesque Chasing pavement ne passa pas inaperçu à l'époque), revenons sur le phénomène de la précoce Anglaise.
Une évidence mélodique peu commune conjuguée à une impressionnante virtuosité vocale : voilà ce qui s'impose (et en impose) d'emblée à l'écoute de la soul folkisante de cette jeune (19 ans, un âge crânement affiché jusque dans le titre de son disque) Londonienne dont la maturité artistique est déjà manifeste.
En témoigne d'ailleurs cette reprise de Bob Dylan - Make you feel my love -, qui ne parvient pas à jurer dans l'ensemble tant le niveau de ce répertoire original () est stupéfiant.
Fougueuse, il est tentant de voir en Adele (Adkins) une talentueuse consœur des Beth Ditto (chanteuse charismatique du groupe de [The] Gossip, avec qui elle partage en outre un physique récalcitrant aux canons en vigueur dans l'univers impitoyable - et hypocrite - de la mode), Kate Nash et Amy Winehouse, qui ont elles aussi récemment émergé - et pour certaines défrayé la chronique -, sur un mode gouailleur acidulé au vitriol.
Parmi le flot actuel de ces "gobby girls" - ces filles à tempérament trash et grande gueule chantant crûment leur quotidien - cf. encore Lily Allen, autre parangon du genre - Adele s'est imposée sans outrances ni fanfaronnades, lors de concerts convaincants où la mélancolie de sa voix de diva soul est autrement plus saisissante que nombre de vociférations.
19, son remarquable premier album, vient aujourd'hui pleinement concrétiser ces belles promesses scéniques.